Les liens du coeur

31 janvier 2013

Temps de lecture : 3 minutes

Mireille a eu une vie digne des plus grandes tragédies.
Née en Gironde, elle est la deuxième enfant d’une fratrie de quatre ; un grand frère du nom de Fernand, un petit frère ; George, et une petite sœur ; Raymonde.
Ils vivaient simplement dans une petite ferme, soudés par le dur labeur.
Mais tout commença à déraper lorsqu’elle avait vingt ans. George mourut dans un terrible accident de la route ; empalé par une fourche fixé sur la voiture devant lui. Il avait dix huit ans. Un an plus tard, Fernand eu un accident de moto sur la même route, au même endroit. Il en réchappa mais avec des séquelles mentales irréversibles.
C’est après la mort de sa mère, emportée par une grave maladie, que Mireille décida de quitter cet endroit maudit.
Elle partit à Bordeaux et trouva un travail en tant que serveuse. C’est là qu’elle rencontra Jean, un beau marin qui lui donnera son premier et unique enfant. Mais le bonheur fut bref. Après une soirée un peu trop arrosée avec ses collègues, ils prirent la voiture et foncèrent dans un poteau électrique. Ils sont tous morts sur le coup et Jean quitta ainsi Mireille, alors enceinte de six mois.
A la naissance de son fils, Michel, elle décida de changer à nouveau d’environnement. Et c’est dans la capitale qu’ils élirent domicile. Sans ressources, elle confia son enfant à un pensionnat catholique et travailla sans relâche dans un petit restaurant. Son chagrin était profond et la plaie mit du temps à cicatriser.
C’est seulement à quarante ans qu’elle rencontra son deuxième amour. Un homme cupide et égoïste qui, après 18ans de vie commune et maintes infidélités, l’a quitta sans un regard, glissant un mot et une clé sous sa porte.
S’en est suivie une lente dépression, le désespoir l’envahit et la solitude s’empara de tout son être. Lorsqu’il a eu vingt ans, Michel est parti. Sans explication, il a effacé sa mère de sa vie. Et comme le sort prenait un malin plaisir à la persécuter, elle perdit son emploi juste après sa rupture. Rien ne semblait pouvoir la sauver, à cet instant elle était prête à en finir avec la vie.

Un jour, une voisine et amie l’appela. Elle lui proposa de s’occuper d’un bébé qu’elle jugeait insupportable et lui confia le numéro de son papa pour qu’ils conviennent d’un rendez vous. Ce fut alors un coup de foudre entre cette petite fille et elle. Mireille s’en occupa toute la semaine pendant un an, elle lui donna tout son amour et en reçu tout autant. Son père, Antoine, comprit très vite le lien qui était en trin de se tisser entre elles ; très à l’écoute, il connaissait l’histoire de Mireille, et sa mère étant atteinte d’un grave cancer il pensa que cette relation devait être préservée pour leur bien à toutes les deux. Peu à peu, Mireille fit partie de la famille. Elle partait tous les étés avec le père, la mère et l’enfant dans le sud ouest de la France. Antoine y avait grandit et retrouvait les siens, dans la maison de sa grand-mère avec qui il avait une relation très fusionnelle.
Puis la famille s’agrandit, une autre petite fille vit le jour cinq ans plus tard. Chaque été renforçait un peu plus leur bonheur à tous.
Huit ans plus tard, Antoine décida de quitter la vie parisienne qui lui pesait tant. Il travaillait tout le jour et n’avait pas le temps de profiter de ses filles qu’il adorait. Sa grand-mère avait plus de quatre vingt dix ans et il souhaitait être à ses côtés pour la soutenir.
Mireille fut très triste, elle pensa qu’une fois de plus, le bonheur lui filait entre les doigts sans qu’elle ne puisse rien y changer. Ses petites filles partaient et leur père qu’elle aimait tant, qui était pour elle comme le fils parfait, qui lui avait donné réconfort et stabilité. Elle craignait que la distance ne les sépare.
Mais c’était sans compter sur l’amour que les enfants avaient pour elle et sur l’affection que leur père lui portait. Tous les étés, elle était invitée à passer l’été chez eux, plus en temps que nounou mais comme grand-mère à part entière.
Ces trois là ne se sont plus jamais quittées et Mireille est aujourd’hui la plus comblée des grands-mères. Notre grand-mère à ma grande sœur et moi.