Les aventures de tante Gaby

13 mars 2012

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L’histoire de mon arrière arrière grand-tante, Gabrielle Roussane, surnommée « tante Gaby » par ma famille, débute vers 1890, dans une petite ville du sud-ouest de la France, lorsqu’elle obtient son diplôme de l’école normale, lui permettant ainsi d’exercer le métier de professeur de français.
Après quelques années, elle fut mutée dans une autre ville du nom de Chasteaux, toujours dans le sud-ouest, et rencontra un homme du nom d’Etienne Cote. Ils tombèrent amoureux et se marièrent. Nous sommes alors en 1895. Cinq ans plus tard, ayant des problèmes dans leur relation, divorcèrent. Des deux enfants qu’ils avaient eu, seul le plus jeune, Philippe Cote, âgé de cinq ans, resta avec sa mère. Mais Etienne Cote, toujours amoureux, tentera par tous les moyens de récupérer son ex-femme.
Ma tante, plus que lassée des tentatives de son ex-mari, se fit muter en Angleterre, où elle continuera d’exercer son métier pendant quelques années. Mais la distance n’était pas suffisante, car son ex-mari la retrouva, et continua de la harceler.
Excédée, tante Gaby fit jouer les relations de son père, qui était notable, afin de s’enfuir le plus loin possible. Elle obtint alors le poste prestigieux de professeur de français à l’académie militaire de St-Pétersbourg, en Russie, qui diplômait les plus hauts gradés de l’armée russe. Grâce à ce poste, son fils y suivit des études et en sortit directement officier. Il fit, durant ses études, la rencontre, notamment, du prince descendant de la noble famille Gallitzin, ainsi qu’un dénommé Joukov, par la suite devenu maréchal de l’URSS.
Le prince, devenu très ami avec le fils de tante Gaby, l’invita à passer l’été dans sa résidence. Devant rester avec sa mère, il déclina. Le prince invita alors sa mère. A la fin du séjour, la princesse, devenue très amie avec tante Gaby, lui proposa de rester avec elle définitivement. Faute de moyens financiers, elle déclina l’offre, jusqu’à ce que la princesse lui dit que si elle avait besoin d’argent, le prince lui en donnerait autant qu’il faudrait. Ainsi tante Gaby resta avec la princesse, tandis que son fils partit s’occuper de l’armée.
Arriva alors l’année 1917, marquée par les révolutions russes. Tante Gaby était alors dans une des propriétés des Gallitzin, à Moscou, et son fils se battait contre l’armée rouge, qui avançait de plus en plus. Suite à cette avancée, le fils fut enrôlé au sein de l’armée rouge. Moscou fut alors envahie. L’armée rouge entra dans la résidence des Gallitzin, et tuèrent la princesse de façon violente. Ils ne tuèrent pas ma tante, effrayés par de possibles représailles diplomatiques venant de France. Philippe, décidé à retrouver sa mère, la chercha à Moscou, la trouva, et s’enfuit avec elle par la Finlande.
Sur la route pour revenir sur leurs terres natales, tante Gaby attrapa le typhus, dont elle réussit à guerir. Ils vécurent alors à Objat, ville du Limousin, avec ma famille, où mon grand-père, alors très jeune, apprit cette histoire.
Philippe Cote se ré-engagea ensuite au Maroc durant la guerre de 1939-1945, où il retrouva son frère aîné. Il fut nommé chef de sûreté des armées du maréchal Join, grâce à son expérience, et se battit contre les armées du maréchal Rohmel, dit « renard du désert ». Après la guerre, ils vécurent le reste de leur vie à Objat.

 

Théo Coudert – Texte / Text
Histoire écrite en français / Story written in French