Les Voix du temps, des histoires vraies racontées par Eduardo Galeano

3 février 2012

Temps de lecture : 2 minutes

Le numéro de décembre 2011 du Monde Diplomatique propose une dizaine d’extraits du livre Les Voix du temps d’Eduardo Galeano.

Voilà le texte de présentation:

De nationalité uruguayenne, Eduardo Galeano figure parmi les écrivains latino-américains contemporains les plus reconnus. A la fois journaliste et poète, conteur et historien, il consigne ici les saynètes d’un ordinaire oublié, et rappelle qu’une petite histoire en dit parfois autant qu’une longue analyse.

Dans le lien ci-dessous, vous retrouverez deux de ces petites histoires vraies / contes moraux:

http://www.monde-diplomatique.fr/2011/12/GALEANO/47044

Je retranscris en plus celle-ci, qui est une de mes préférées: 

Cours de Médecine

C’est dans un cours de soins intensifs, à Buenos Aires, que Rubén Omar Sosa a étudié le cas de Maximiliana, la leçon la plus importante de toutes ses années d’études.

Un professeur a décrit la situation: doña Maximiliana, épuisée après une vie entière passée sans dimanches, était entrée à l’hôpital quelque temps plus tôt et, tous les jours, elle demandait la même chose:

– S’il vous plaît, docteur, pourriez-vous me prendre le pouls?

Une légère pression des doigts sur le poignet, puis le médecin disait:

– C’est très bon. Soixante-dix-huit. Parfait.

– Ah, merci docteur. Et maintenant, est-ce que vous pourriez me prendre le pouls, s’il vous plaît?

Et le médecin lui prenait le pouls une fois de plus et lui expliquait à nouveau que tout allait bien, que cela ne pouvait aller mieux.

La scène se reproduisait tous les jours. Chaque fois qu’il passait près de la chambre de doña Maximiliana, cette petite voix rauque l’appelait et lui tendait le bras, comme une brindille, encore et encore.

Lui, il obtempérait, parce qu’un bon médecin doit être patient avec ses patients, mais il se disait: Cette vieille est un peu casse-pieds, et il pensait: Il lui manque un boulon.

Ce n’est que des années plus tard qu’il comprit qu’elle demandait seulement que quelqu’un la touche.