Un des outils les plus utilisés ici pour faire la manche est le paquet de mouchoirs en papier.
Tempo, des mouchoirs pour effeuiller le temps qui passe
Donne-moi donc deux dirhams que je te donne un paquet de mouchoirs, dit le mendiant au feu rouge.
Le conducteur s’excuse : regarde, j’en ai déjà.
Oui, mais si tu savais ma vie, reprend le mendiant du bout des yeux, tu saurais que ce paquet de mouchoirs qui traîne sur ta plage arrière ne te suffirait pas pour pleurer sur mon pauvre sort. Regarde-moi, je suis tombé bien bas mais ça peut nous arriver à tous, à toi, à ta famille. Pourquoi ne pas acheter un paquet de mouchoirs supplémentaires, au cas où. Que tu pourras utiliser où tu veux quand tu veux dans ta belle voiture, tous les quarts d’heure si tu le souhaites, pour un rhume ou pour rien. Ce sont des mouchoirs Tempo, des mouchoirs pour le temps qui passe, pour le pardon de tous les péchés, portables, jetables, pour les brûlures d’amour comme pour les cas légers de culpabilité, de bronchite, de vitre sale.
Tu me dis ça, répond le conducteur, mais toi tu as l’air en forme, pourquoi tu ne travailles pas comme moi ? Pourquoi tu te donnes le beau rôle ?
J’ai besoin d’argent, répond le mendiant, pour aller à la campagne et travailler dans les champs. Pour moi il est temps de partir, de laisser ces mouchoirs derrière moi.
Alors, comme il n’a rien à répondre à ça, le conducteur tend deux dihrams et le vendeur de mouchoirs reprend sa route entre les voitures.