La désillusion

16 avril 2013

Temps de lecture : 2 minutes

Originaire d’Afrique subsaharienne, je n’étais jamais sorti de mon pays. Aussi lorsque je me suis vu offerte une bourse pour la Tunisie dans l’école de mon choix, j’étais devenu surexcitée. Devenir une étudiante, indépendante, avec son petit appartement, dans un pays oriental lointain ; je ne rêvais que de ça jour et nuit. Mais ce qui me tenait le plus à cœur était de pouvoir acquérir une bonne formation en architecture. Être architecte était mon rêve depuis l’âge de six ans. Tout était jadis prêt, mon inscription dans une faculté réputé de Tunis, mon logement dont cette dernière s’occupait et mes papiers.
J’ai donc débarqué en Tunisie, à Tunis. Dès mon arrivée, ne connaissant personne, j’ai pris un taxi pour ma fac où j’étais d’ailleurs attendu. Quand je suis arrivé, les membres de l’administration m’ont bien accueilli et m’ont fait rentrer dans le bureau du directeur. Ce dernier après les salutations d’usage et le mot de bienvenue, a prononcé la phrase qui allait faire basculer, tout mon projet de vie :
-Mademoiselle je suis dans le regret de vous annoncer que la filière d’architecture restera fermée cette année en raison d’un effectif insuffisant, par contre dans le même domaine nous vous proposons de poursuivre des études d’ingénieur en génie civil.
J’étais tout simplement sidéré, je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. Il avait prononcé cette phrase avec un tel naturel ! Comme si c’était tout à fait normal, pourtant il m’avait bel et bien affirmé au téléphone que la filière d’architecture était disponible. En bref, Le problème était que mes parents avaient déjà payé pour toute l’année scolaire. Si je demandais le remboursement, pour changer de faculté, il aurait fallu : d’une part porter plainte car le paiement était non remboursable a la base et de l’autre attendre la délibération du verdict qui aurait surement pris du temps. Or de fil en aiguille tout ceci m’aurait fait commencer les cours très en retard et encore si par chance le verdict m’était favorable. De plus mon départ du pays, le paiement de l’année scolaire dans sa totalité et le soi-disant logement ; avaient couté une véritable fortune à mes parents, donc impossible de leur demander de m’inscrire ailleurs sans remboursement. J’étais coincé. Je ne pouvais pas changer de fac, Je n’avais d’ailleurs même pas le courage d’annoncer cela a mes parents. Tout se bousculait dans ma tête. Qu’allais-je faire ? Je n’arrivais toujours pas à trouver une issue à ce problème, qu’il a ajouté la cerise sur le gâteau :
-Si non connaissez-vous quelqu’un ici ? Parce que votre logement n’est disponible que dans une semaine.
Là je me rappelle avoir péter les plombs :
-C’est une blague vous voulez rire ; vous m’obliger gentiment à changer de filière pour ensuite m’annoncer que… que… je n’ai nulle part où aller…..
Et je crois que c’est à ce niveau que je m’étais mise à pleurer tellement la situation me dépassait.
Au jour d’aujourd’hui où je vous raconte ma première journée à Tunis, je suis en masters pros en génie civil, dernière année. Mon rêve avait été d’être architecte. Mais je ne serai en quelque sorte que l’encadreur et gestionnaire de l’architecte. Finalement à travers tout ce que j’ai étudié je sais que je ne serais pas malheureuse d’être ingénieur en génie civil. Mais au fond de moi je garderais toujours la blessure d’un rêve frôler, mais inaccompli comme tant d’autre avant moi et si les choses ne changent pas, après moi également.