Un jeudi à Ramallah, par Emad

20 décembre 2012

Temps de lecture : 2 minutes

Adaptation en français de l’histoire audio en arabe

Emad Badra

 Cette histoire s’est passée en 1990. Je marchais dans la rue et par hasard j’ai été arrêté par un groupe de soldats israéliens qui patrouillaient. Ils m’ont demandé mes papiers, m’ont fouillé au corps, ils ont vu la faucille et le marteau sur le porte-clés et ils en ont conclu que j’étais communiste.

Ils ont commencé à me frapper, à la tête, au corps, et à m’interroger pour savoir si j’avais une maison à Ramallah. Malgré les coups, je n’ai rien dit, car dans la maison il y avait des tracts communistes et une photocopieuse. L’organisation aurait eu des problèmes.

Ils m’ont ensuite conduit devant deux bâtiments, l’un de la résistance et l’autre du Hamas. Ils m’ont demandé si je dormais là. J’ai dit non, mais comme ils continuaient à me battre, j’ai préféré dire que je dormais ici de temps en temps. Ils m’ont redemandé mes clés, pour essayer d’ouvrir toutes les portes tout en continuant à me frapper. Ça a duré quatre heures. Ils ont essayé les clés de chaque porte, ça ne fonctionnait pas, puis ils ont commencé à défoncer les portes et certains jeunes, terrorisés, ont sauté du quatrième étage. D’autres se cachaient dans la réserve d’eau sur le toit, et d’autres encore sous leurs lits.

Finalement, ils ont essayé de me jeter du quatrième étage, j’ai crié et je me suis retenu aux vêtements des soldats. Par mégarde, j’ai touché la mitraillette de l’un d’eux, et ils ont cru que je voulais les tuer alors ils m’ont frappé encore plus fort, à coups de poings au visage, et m’ont amené en prison.

Mais le directeur de la prison a refusé de m’incarcérer car j’étais trop marqué au visage et au corps. Il m’a rendu ma carte d’identité et m’a laissé partir.
J’ai vu une voiture en train de transporter des ouvriers, je suis monté avec eux, en direction de l’hôpital de Ramallah.

À l’hôpital, deux jeunes femmes qui depuis un moment se disputaient mon cœur se sont occupées de moi, et mon cœur a choisi l’une d’elles. C’est là, dans cet hôpital, que j’ai trouvé l’amour…

Emad Badra. Traduit et adapté de l’arabe par Yasmine Makhlouf
Remerciements à l’Institut français de Nazareth et à Faïna Ramdani