Dog-day afternoon, une histoire vraie de Sydney Lumet

28 février 2012

Temps de lecture : 3 minutes

Mon dernier jour en Algérie. Il se trouve que cette nuit, dans ma chambre d’hôtel, je me regarde Un après-midi de chien de Sydney Lumet, qui, je le découvre, est à la fois une histoire vraie et un film qui parle de l’Algérie (suspens… vous allez voir, je n’invente rien !).

What you are about to see is true. It happened in Brooklyn, New York, on August 22, 1972

Sydney Lumet démarre par cette incrustation sur fond noir, sans bande son. Tout au long du drame, le réalisateur va tâcher de se tenir au plus près de ce banal fait-divers (un braquage de banque), tant les personnages qu’il implique et les traces qu’ils ont laissées (enregistrements téléphoniques, témoignages, lettres testamentaires sur lesquelles il s’est appuyé pour reconstituer cette journée improbable) semblent se suffire à elles-mêmes, dépasser l’imagination.

Cette sensation de puissance absurde du réel est particulièrement frappante lors de la plus belle scène du film, où l’on découvre le fond de l’énigme de cet homme, c’est-à-dire ce qui l’a poussé à passer à l’acte.

Auparavant, Sonny a demandé à ses deux femmes de venir. La première, avec laquelle il a deux enfants, ne vient pas. Elle prétexte qu’elle a peur. La deuxième, un homosexuel nommé Leon, avec qui il s’est marié à Atlantic City et qu’il aime au point de tout risquer pour lui payer l’opération qu’il désire tant, a été tirée d’un hôpital psychiatrique par la police.

Ils sont au téléphone, Leon dans le salon de coiffure plein de flics en face de la banque, Sonny enfermé avec les otages et son ami Sal, un simple d’esprit qui fait la garde. Je retranscris au mieux le dialogue (il doit manquer quelques mots) :

Sonny : How you doing ?
Leon : Well I’m out the hospital. (…) I’d never thought I’d get out this way.
Sonny: You wouldn’t talk to me.
Leon: They say you’re crazy and they start sticking things in your arm.
Sonny: I don’t know Leon. I’m diying here.
Leon: You’re not dying. You’re killing people around you. I took a handfull of pills to get away from you.
Sonny: What am I supposed to say to that shit ? You know all the pressures I’ve been having. You in that hospital and you want that fucking operation. Everybody needs money…
Leon: I didn’t ask you to go and rob a bank.
Sonny : I know. I just want you to know I’m getting a plane out of here. I wanted to say goodbye or if you wanted to, you can come with me. I mean you’re free to do what you want.

Le plan de Sonny, pris au piège dans la banque avec Sal, est de s’évader en jet avec les otages. Et il voudrait que Leon le rejoigne, qu’ils se sauvent ensemble dans un pays lointain. Et voilà donc où apparaît l’Algérie:
Leon : I’m free to do what I want ? It’s been six month I’m trying to get away from you for six months and I’m gonna go with you on a plane trip ? Where ? Where are you going ?
Sonny : I don’t know where yet. We said Algeria. I don’t know. I’ll… go to Algeria.
Leon : Why are you going to Algeria ?
Sonny : I don’t know why… I think they have a Johnson’s (un Johnson Howard Hotel) there so I’m going.
Leon : You’re whooped, you know that ? You’re really whooped ! God! Algeria ! It’s a… eu… I mean they walk around, they got masks on, they got things on their heads, they’re a bunch of crazy people !
Sonny : So what am I supposed to do ?
Leon : I don’t know, you could have picked a better place !
Sonny : Like where ? Sweden ? Danemark ?
Leon : Yeah, yeah, ah ah like that, yeah (il rigole bizarrement, comme s’il voyait danser dans sa tête des Suédois en Hijab)
Sonny : You know what? Sal wanted to go to Wyoming. He don’t know that Wyoming is not a country. I had to tell him this. I’m with a guy who don’t know that Wyoming is not a country and you think you got problems ?…